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La première en chemin

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La première en chemin

“Le Seigneur fit pour moi des merveilles”, lisons-nous dans le cantique que l'évangéliste saint Luc met sur les lèvres de Marie lorsqu'elle rencontra sa cousine Élisabeth. “Bienheureuse Vierge Marie, chante à son tour l'Église, toi qui as porté dans ton sein le Fils du Père éternel”. En ce 15 août, nous célébrons, comme le firent nos aïeux depuis quatorze siècles, l'Assomption de Notre-Dame. C'est, dans toute la chrétienté, la fête la plus ancienne et la plus populaire qui soit en l'honneur de la Mère de notre Sauveur.

Nul être humain n'a jamais été aussi proche du Christ Jésus que son humble servante de Nazareth, elle qui devint sa Mère. Choisie par Dieu pour permettre au Verbe divin de s'incarner et de vivre au milieu de nous pour nous sauver, elle donna généreusement son accord en toute liberté. Avec quelle pureté d'âme et de corps n'a-t-elle pas accueilli dans sa chair ce Fils béni qui était son Dieu ? Dans la pauvreté, elle le mit au monde à Bethléem. Quarante jours plus tard, comme le demandait la loi divine, elle le présenta au temple, ce lieu de la présence mystérieuse de Dieu au milieu de son peuple. Elle avait été elle-même, lors de la gestation de l'enfant, le lieu secret de la présence divine et maintenant elle offrait ce Fils à peine né en qui Dieu était présent, visible aux seuls yeux de la foi. Ce Fils, elle l'éduqua et l'accompagna de sa tendresse durant sa croissance : à Nazareth, il grandissait en âge et en sagesse. Lorsqu'il la quitta pour entreprendre sa vie publique, la présence de Marie au côtés de Jésus se fit désormais très discrète. Pourtant saint Jean a tenu a nous faire savoir que Marie était à Cana lorsqu'à la requête de sa mère, Jésus opéra son premier geste de salut. De même lorsque ce Fils mourait sur la croix, Marie était débout à ses côtés.


La tradition chrétienne a beaucoup réfléchi durant des siècles sur ces événements qui sont à l'origine de notre foi. Comment fallait-il parler de Marie et de sa place dans le mystère de notre Rédemption ?

Peu à peu la réflexion chrétienne en vint à se convaincre que Marie était pour nous tous un exemple de fidélité, un modèle de ce que signifie être chrétien, disciple du Christ Jésus. Fille de l'Ancien Testament, elle avait été la première à accueillir le Sauveur, la première dans le temps, mais aussi par la qualité unique de sa foi, à mériter de nom de chrétienne. Elle nous précédait et nous montrait la voie à suivre.

Ne devait-on pas dire alors qu'au terme de son existence terrestre, Marie avait rejoint son Fils dans la gloire ? Mort sur la croix, Jésus était ressuscité et remonté auprès de son Père. Sur lui, la mort n'avait plus d'emprise. A ses disciples, il avait assuré qu'ils le rejoindraient. Or, rien en la Vierge Mère, la très sainte Marie, ne pouvait l'empêcher de recueillir, au terme de sa vie ici-bas, la récompense de sa foi, de son espérance et de son amour. Son corps très pur ne devait pas avoir connu la corruption du tombeau, pas plus que celui de son Fils, le Christ Jésus, dont elle avait été plus proche que quiconque. Si Marie avait été la première à l'accueillir si parfaitement sur terre, n'avait-elle pas été aussi la première à partager sa gloire, dans la totalité de son être, corps et âme comme lui, dans le ciel ? Telles furent les réflexions qui ont conduit les chrétiens qui nous ont précédés dans la foi à affirmer et à célébrer l'Assomption de Notre-Dame.

Dans l'Église catholique, cette conviction était si forte et si universelle que le Ier novembre 1950, le pape Pie XII proclama officiellement que l'Assomption de Marie, corps et âme, dans la gloire du Père céleste auprès de son Fils faisait partie de notre foi chrétienne en tant que doctrine sûre, en tant que dogme.

C'est là pour nous tous un motif supplémentaire d'espérance. Nous sommes appelés à rejoindre un jour le Christ ressuscité, mais nous croyons fermement que déjà une fille de notre humanité l'a rejoint en plénitude. Sur notre route vers le Christ ressuscité, elle nous précède encore et nous attend avec son Fils. Puissions-nous, par son exemple et à son intercession, mériter un jour de la rejoindre à notre tour, pour louer Dieu avec elle de toutes les merveilles qu'il accomplit en notre faveur.

Maurice Gilbert, S.J.
(homélie prononcée lors de la Fête de l'Assomption de Marie à l'Abbaye Notre-Dame de Soleilmont, Fleurus)


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