Sur la couverture du livre apparaissent le sourire intense et les yeux pétillants de son auteur, ainsi que l'annonce « Guillebaud, portrait intime ». Il s'agit effectivement d'un autoportrait, honnête, mais sans jamais devenir trop intime. On pourrait le rapprocher du genre de la confession dont Augustin était l'inventeur, et Rousseau le modernisateur. Se confesser, pour Augustin, cela ne voulait pas simplement dire « avouer », « s'ouvrir devant son juge », mais c'était d'abord chanter la louange, exprimer sa reconnaissance et sa joie.
Chez Guillebaud, il s'agit également d'une sorte de conversion, à savoir de cette conversion qui consiste à dépasser la peur et le désespoir. L'auteur veut partager sa joie de vivre et son espoir. Parallèlement, il y affiche son horreur du cynisme ambiant ainsi que de l'optimisme gratuit de ceux qui prônent des sagesses du genre « si tu veux, tu peux ». La conversion à la vie est tout autre chose que l'optimisme du self-made-man qui oublie ce qu'il doit à ses prochains et à la société. Pour Guillebaud, la source du véritable optimisme, c'est la reconnaissance de notre fragilité humaine qui appelle à ce que nous nous partagions les brins d'espoirs qui nous habitent. Son carnet modestement intime et profondément réflexif transmet le message que le secret du bonheur se cache dans l'émerveillement. Ne plus avoir peur ? Convertissez-vous à la Vie qui nous demande, dans notre fragilité individuelle, de vivre l'un pour l'autre.
Chris Doude van Troostwijk, ErwuesseBildung–www.ewb.lu
Jean-Claude Guillebaud
Je n'ai plus peur
Éditions Iconoclaste 2013, 250 p., ISBN 9782913366626
